Contre la grippe, les pharmaciens vaccinent
SUD OUEST Jeudi 4 janvier 2018
Environ 700 Royannais ont été vaccinés en pharmacie. La campagne dure jusqu’au 31 janvier en Nouvelle-Aquitaine, région test.
NATHALIE DAURY-PAIN
La grippe tue. 14 358 décès ont été imputés au virus pendant l’hiver 2016-2017. Presque exclusivement des personnes âgées. Devant ce constat et une couverture vaccinale très insuffisante, la Région Nouvelle-Aquitaine a été choisie pour tester pendant trois ans la vaccination en pharmacie. Le but étant de toucher une population d’actifs qui n’arrivent pas toujours à caser un rendez-vous chez le médecin dans leur emploi du temps.
Un service rendu
Basée sur le volontariat, l’opération a été suivie par neuf pharmacies sur les onze que comprend la ville. Les pharmaciens ont suivi une journée de formation et des locaux dédiés à la vaccination ont été mis en place dans les officines. Alors que la campagne de vaccination s’achève dans trois semaines et que l’épidémie est bien présente, environ 700 personnes ont choisi ce mode de vaccination à Royan. Chez les pharmaciens, le bilan est plutôt positif même si la plupart des professionnels restent sur un goût d’inachevé. « Les personnes qui se sont fait vacciner chez nous l’auraient fait de toute façon, explique-t-on à la pharmacie Jeulin. Il s’agissait de personnes âgées qui avaient leurs bons de prise en charge. Aura-t-on contribué à élargir la couverture vaccinale ? Le bilan du test nous le dira. »
À la pharmacie Fort, dans le quartier de Marne-Yeuse, on reconnaît qu’il y avait une vraie demande.
« Nos habitués nous font confiance et certains ne pouvaient pas se déplacer jusque chez les infirmiers. Cette nouvelle façon de se faire vacciner leur a rendu service. »
Il n’empêche que les pharmaciens étaient soumis à un grand nombre de conditions pour passer à l’acte. Parmi celles-ci, ils n’ont pas eu le droit de vacciner des personnes n’ayant jamais reçu le vaccin contre la grippe. « Nous comprenons ces précautions mais nous avons vu repartir des clients déçus. Pas sûr qu’ils fassent la démarche d’aller chez le médecin », constate-t-on dans une pharmacie du centre-ville.
La grande majorité des professionnels réclame donc un assouplissement de ces règles pour atteindre l’objectif. Certains prônant même la vaccination sans ordonnance. De même, la lourdeur administrative a pesé dans les officines.
Se protéger entre collègues
Les pharmaciens reconnaissent tout de même que cette campagne élargie a été l’occasion de mieux communiquer sur les dangers de la grippe et les idées reçues. « Il faut savoir que le risque de contracter la grippe en étant vacciné est plus important chez les personnes âgées que chez les jeunes. Cela dit, les seniors doivent passer à l’acte quand même car ils sont les plus exposés et les plus vulnérables face au virus. D’ailleurs, l’an prochain, les plus de 60 ans recevront deux demi-doses au lieu d’une seule pour mieux les protéger », explique une pharmacienne qui en a profité pour rappeler que les vaccins antigrippaux étaient garantis sans aluminium. Autre avantage, le personnel des officines a pu se vacciner entre collègues, ce qui n’était pas forcément le cas auparavant. La population des professionnels de la santé étant mal représentée dans la couverture vaccinale. Il n’est pas trop tard pour se faire vacciner, la campagne prend fin le 31 janvier.
EN CHIFFRES
Le vaccin est efficace au bout de dix jours après injection. L’incubation est de deux jours en moyenne. Le virus peut survivre jusqu’à sept jours sur les objets. Les symptômes durent trois jours. Le patient peut se sentir mal et affaibli pendant plusieurs semaines.
Sur les onze pharmacies royannaises, neuf se sont portées volontaires pour vacciner contre la grippe à l’occasion de la campagne actuelle et du test dans la région. PHOTO N. D-P